Retour sur la serveuse automate, or why conservatives prefer women be exhausted all the time

Retour sur la serveuse automate, or why conservatives prefer women be exhausted all the time
Perfect Conservative waitresses should be way more exhausted than this.

A follow-up piece on that recent video from Pierre Poilievre in which he discussed extraordinary Canadians like electricians who wield lightning, farmers who master all kinds of science and waitresses who, technically, should be dead from exhaustion. English will follow and be different than the French; as usual I encourage my bilingual readers to enjoy (or hate) both versions.


On a eu bien du fun la semaine dernière à décortiquer le dernier clip de Poilievre devant écran vert, pardon, devant une foule générique importée directement de la banque de données numériques, dans lequel il chante les louanges de canadiens extraordinaires comme – oh, diantre – juste comme ses supporters quelle belle coïncidence, imagine.

Moi non plus je n'ai pas pu résister à la tentation de critiquer. Ce n'est pas juste weird comme message, c'est irresponsable. De suggérer que les électriciens capturent la foudre pour illuminer le monde, franchement.

Mais à part ça, quelque chose continuait de me trotter dans la tête et après quelques jours je suis retournée au texte et eureka, comme on dit en bon vieux grec.

Ce qui me chipotait tellement dans cette production vidéo qui est tellement de qualité qu'on en voit les effets spéciaux, c'est la description de la waitress, la première personne qu'il donne en exemple quand il parle de canadiens extraordinaires.

La waitress qui, on le sent dans sa voix (j’allais presque écrire “sa foi”), n’ose espérer meilleur destin que celui de martyre anonyme en puissance.

The waitress who balances 12 plates on a tray and serves 12 tough customers at once, works a double shift and comes home with enough energy to teach her kids math and balance her budget on a minimum wage salary. She is not ordinary. She is extraordinary.

Et la foule, en délire, d'applaudir. (Quelle poète je suis...)

Une femme, qui bosse dans une job crasse si elle doit dealer avec des clients difficiles, avec en plus des enfants (au pluriel dans l'original) et qui travaille deux quarts de travail par jour tout en se dévouant corps et âme pour ses rejetons et en équilibrant son budget familial malgré qu'elle ne gagne que le salaire minimum.

Heille, tabarnak. Pousse, mais pousse égal.

D'abord, elle dort quand, cette femme?

Dans les deux autres exemples qu'il donne, le fermier (qui maîtrise les sciences du sol et du ciel) et l'électricien (le demi-dieu qui contrôle la foudre), il n'est pas question de fatigue. Oh que nenni. Des mâles extraordinaires comme ça, ça prend le temps de se reposer pour être top shape. Josette la serveuse, elle, on s'en crisse dans quelle shape elle n'est plus.

J'imagine qu'elle n'a pas de temps pour autre chose, comme par exemple de faire du bénévolat pour une bonne cause ou encore pour s'engager en politique. Ou, je sais pas, moi, aller voir un film ou lire un livre.

Je ne dis pas qu'il n'existe personne dans de telles situations. Je sais pertinemment qu'il en existe beaucoup. Et je n'ai absolument rien contre les gens (peu importe leur identité de genre) en situation économique difficile qui s'arrachent le coeur en travaillant dans des jobs, au pluriel, mal payées pour joindre les deux bouts et faire vivre leurs familles.

Je suis passée par là moi aussi, et plus d'une fois. La dernière fois c'était en 2018. J'ai écrit un livre sur l'expérience, si ça vous intéresse. Jamais, au grand jamais, vous ne me verrez lever le nez sur les gens qui travaillent au salaire minimum. Ils ont du guts en sacrament ces gens-là. Beaucoup plus, en fait, qu'un politicien comme Poilievre qui n'a littéralement rien fait d'autre de sa vie que de téter du denier public.

La waitress au courage indéniable n'a pas vraiment besoin d'un politicien opportuniste qui chante ses louanges. Elle a besoin d'un coup de main.

D'abord, on pourrait sans doute insister pour que les clients ne soient pas aussi difficiles que Poilievre le laisse entendre. Ensuite, on pourrait s'assurer qu'elle ait accès à des places en garderie pour ses jeunes enfants. Des soins dentaires gratuits aussi. Et des congés de maladie payés. Des éléments qui ne sont pas, à première vue, de compétence fédérale mais bon. Ils sont utiles pareil.

Moi, quand je pense à la servante idéale de Pierre Poilievre, je pense à Luc Plamondon et son personnage de serveuse automate dans Starmania.

Qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui?
Qu'est-ce que je vais faire demain?
C'est ce que je me dis tous les matins
Qu'est-ce que je vais faire de ma vie?
Moi j'ai envie de rien
J'ai juste envie d'être bien
Un jour vous verrez
La serveuse automate
S'en aller
Cultiver ses tomates
Au soleil

Remarquez, dans ce cas-ci, notre serveuse automate pourrait sans doute cultiver des pommes. Ils en consomment beaucoup pour rester pétants de santé, les hommes de la droite extrême qui préfèrent les femmes à moitié mortes de fatigue. Ça ne rouspète pas, les femmes à moitié mortes de fatigue. Ça essaie juste de survivre.

Elles méritent mieux que des fausses louanges conservatrices, c'est le moins qu'on puisse dire.


woman in white crew neck t-shirt holding white and black quote board
Difficult woman, no doubt. She should be kept busier.

We were all pretty worked up last week about this video of Poilievre in which he talked about electricians capturing lightning from the sky using it to light up the world and also power homes. But there was something else nagging at my noggin, and it took me a day or two to, in the lovely words of Bertie Wooster's butler, rem acu tetigisti.

It's Latin for putting the finger on the thing itself. You can't say I'm not teaching you neat, useful stuff.

The great Max Fawcett wrote of Pierre Poilievre's attempt to become the Jordan Peterson of elected officials and now I wish I'd come up with that line. Because frankly the worst thing about Poilievre's video wasn't the joke about lightning. It was the glorification of female martyrdom.

As you'll know if you've read the leader of Incels Worldwide Inc., since women represent chaos, they kinda have to be ruled by men. Which is made easier by keeping them so damn tired and busy doing everything that they don't have time to question, well, anything.

Before the electrician, in Poilievre's list of extraordinary Canadians, was a farmer who masters the sciences of soil and sky and before him was a woman who, technically, should be dead from exhaustion.

The waitress who balances 12 plates on a tray and serves 12 tough customers at once, works a double shift and comes home with enough energy to teach her kids math and balance her budget on a minimum wage salary. She is not ordinary. She is extraordinary.

OK, so first of all, what the fuck? When does this woman sleep? How can she find time for reading or a hobby or getting involved in public affairs or advocating for herself and her children?

She doesn't, of course. She's way too busy just surviving, she doesn't have any energy for anything else. And that suits some Conservative men just fine.

It is revealing, when you put all three extraordinary characters side by side, to note that only one is working herself into an early grave. For sure farmers work hard too. But Poilievre doesn't single this out. He singles out the scientific mastery. And the electrician's god-like ability to control lightning.

These are his examples and there is nothing innocent in his choices. When I think of his waitress, I don't see something to celebrate. I see someone who needs help. Like, for instance, a job that pays better. Affordable childcare for her children. Dental care, pharmacare, access to health professionals, good schools in the neighbourhood. You know, a good, caring society around her. Not a fake audience congratulating itself on being better off than she is.

There is no question people like Poilievre's waitress exist. They work more than one under-paid job to care for their families. And yes, it takes a lot of guts to do that. Much more than to spend one's lifetime drawing a salary for being nothing more accomplished than a professional politician, to pick an example at random.

I've been there – not a professional politician, a very overworked, very underpaid person doing what I had to do. The last time I did that, I wrote a book about the experience. Never will I look down on people working minimum wage. And when I say I want them to have a better life I mean I'm glad to pay taxes to fund public programs that bring real relief, like affordable childcare, and to use my voice to advocate for more – and better measures to ensure nobody needs to work 18 hours a day just to make it.

I very much doubt that's in Poilievre's playbook.