Pour l’amour de tout ce qui est beau en ce monde, do not go see this movie

Pour l’amour de tout ce qui est beau en ce monde, do not go see this movie

Once in your life you find someone, sings Bryan Adams in Heaven, who will turn your world around. Finding your soulmate can be the work of a lifetime. But you know what’s even harder to find than the kind of love people write songs about? A movie so fucking awful you need to skewer it in two languages. English follows French below but if you read both, you should.

Quand l’univers (pronom: iel, accord masculin) nous offre son plus beau cadeau, on serait bien gnochon de refuser. Moi (pronom: iel, accord variable), pas plus nounoune qu’le beauf du troisième voisin, je l’empoigne de manière on ne peut plus énergétique. Tout ça pour dire que je reviens quelque peu à mes sources, dans cette société que j’ai fuie il y a près de trois décennies et où je me sens aujourd’hui somme toute bienvenue et confortable. Ce qui veut dire deux choses. 

La société québécoise a changé et moi aussi. C’est la job de l’artiste que je suis non seulement de remarquer tout ça mais d’en prendre acte dans le travail que je fais. Et c’est à vous, lecteurs-trices, de juger si je réussis ou non. 

Parenthèse: Z’avez sans doute remarqué, parce que je vous connais et que je sais que vous êtes des personnes avec une intelligence et une culture hors du commun, que j’ai pris la peine d’ajouter les pronoms et la forme tronquée “lecteurs-trices” au lieu de l’ancienne formulation lourdaude “lecteurs et lectrices” ou de l’immonde masculin-neutre-qui-inclut-le-féminin qui a finalement pris la débarque stylistique qu’il méritait. 

De nos jours, les gens qui veulent être ouverts d’esprit et de cœur se donnent la peine d’apprendre à s’exprimer de façon inclusive, de manière à ne pas heurter les personnes qui ne sont pas à l’aise dans l’hétéronormativité paternaliste qui a régné en maître (pour ne pas dire en bourreau) sur la société depuis trop de lustres. 

Avant de fermer la parenthèse, je vous donne un tuyau: il existe des guides très bien faits sur l’écriture inclusive qui sont gratuits et facilement accessibles. L’INRS en a un, au contexte bien québécois. Le gouvernement fédéral en a aussi produit un qui est excellent, particulièrement utile pour les francophones hors-Québec. Radio-Canada vient également de lancer un balado qui couvre l’actualité 2ELGBTQIA+ de façon délicieusement inclusive. Je vous le recommande fortement, si ce n’est que pour vous faire l’oreille. 

Ouais mais là, Brigitte, tu t’en vas où de même avec tes skis? 

Maudit que je vous aime. 

Moi, comme personne aux intentions inclusives et qui de surcroît est bien fière de s’afficher comme full woke, je vois et prends acte des changements dans cette société québécoise qui, quand j’y grandissais, m’étouffait par son étroitesse d’esprit et son insularité, entre autres choses. 

Denys Arcand, lui, il fait le contraire. Son dernier film, qui est sorti en salle jeudi, est tellement grossier dans ses vomissements réactionnaires qu’il en est triste. Les critiques se fendent en quatre pour ne pas dire que c’est d’la marde, pour des raisons qui m’échappent. Moi, mes mots, je refuse de les mâcher. 

Testament est l’œuvre d’un vieux monsieur blanc hétéro qui non seulement ne comprend rien à la société que devient le Québec mais qui n’est pas foutu de faire le moindre effort pour s’en approcher. Il veut juste qu’on revienne en arrière pis ôtez-vous de mon gazon. Le film se résume à une heure et cinquante-cinq minutes de clichés plus niaiseux et ignorants les uns que les autres, enfilés à trois cent mille à l’heure sans aucune ligne directrice autre que “esti que les woke sont bizarre pareil.” 

C’est insultant, surtout venant d’un cinéaste de la trempe d’Arcand. On n’a pas besoin de refaire l’éloge du Déclin de l’empire américain ou des Invasions barbares. Pour ne rien dire de Jésus de Montréal. Des films qui combinent critique sociale et subtilité, avec des dialogues intelligents et nuancés, et des acteurs dont le talent vous coupe le souffle. Ce n’est pas pour rien que les Invasions est le seul film canadien à avoir remporté l’Oscar pour le meilleur film en langue étrangère, comme me le rappelait tout récemment Brendan Kelly. 

Voilà-t-il pas une autre affaire, ça. Pourquoi est-ce qu’on appelle toutes les langues autre que l’anglais étrangères? Faudrait p’t’être passer l’Académie au tordeur, qu’en pensez-vous. 

Mon amoureux et moi étions pratiquement seuls dans la salle à l’Odeon de Ste-Foy samedi soir. J’ai entendu quelques réactions négatives et aucun rire. En fait la seule réaction acceptable se résumait aux pets de dessous de bras. 

Nous, pendant la dernière et interminable demi-heure, on n’en pouvait plus de se retenir. “J’ai vu des meilleurs films que ça sortir d’un CÉGEP,” s’est-il exclamé lors d’une autre scène complètement tirée par les cheveux où la ministre de la santé explique en détail le cynisme politique qui la conduit à virer la directrice d’une maison pour personnes aînées— une conversation non seulement improbable mais comiquement impossible. On a beau ne pas aimer les politiciens, je n’en ai jamais connu d’une imbécilité aussi mal léchée que ceux qu’Arcand nous présente. 

Même chose pour les journalistes. Et pourtant, il y a tellement de raisons de critiquer notre travail… Mais non. Au lieu de se forcer pour écrire des scénarios vraisemblables, Arcand joue au dernier de classe paresseux et nous montre des reporters de mauvaise foi qui enflamment délibérément une prétendue manif en faveur des personnes autochtones et contre une maison pour personnes aînées à cause d’un tableau représentant Jacques-Cartier et des personnes autochtones à moitié nues qui s’y trouve. Ça fait plus de 20 ans que je bosse dans les médias au Canada et les seuls épais qui se conduisent de la sorte sont les ignares de l’extrême-droite, comme The Rebel, qui sont justement — oh, coïncidence — en croisade contre le wokisme. 

Coudonc, il fait-il de la projection, Arcand? 

Ça serait une erreur de dire que tous les personnages de Testament — sauf peut-être pour le bébé — sont une caricature au premier degré. Le premier degré est mieux que ça. Ce film est une caricature faite au sharpie à la mine écrapoutie. Il ne présente aucun dialogue digne de ce nom — tout est excuse pour engueuler les gens qu’Arcand ne comprend pas, juste parce qu’il ne les comprend pas. 

Pour que fonctionne une satire, elle faut qu’elle soit non seulement intelligente mais qu’elle ait un lien avec la réalité. On peut très facilement se moquer du langage inclusif parce qu’il est parfois assez comique. Surtout en français, où on doit souvent torturer des phrases pour éviter d’être binaire. Ou même genré. Dans une langue où tout, même l’iPad sur lequel j’écris et la table sur laquelle celui-ci repose, est genré. 

Ce qui ne marche pas, c’est quand un film qui se veut satirique présente systématiquement chaque personnage 2ELGBTQIA+ comme une enragée simpliste. Ça va de la lauréate d’un prix littéraire pour son recueil intitulé Vagins en feu (comme c’est original) à la scène désolante où un flamboyant sous-ministre de la culture joué par Robert Lepage et un dandy haut fonctionnaire interprété par Yves Jacques, arrivent en coup de vent dans une décapotable fringante et engueulent la directrice de la RPA (jouée par une Sophie Lorain qui, franchement, méritait mieux) à grands coups de références historico-culturelles tellement longues et touffues qu’on en voit presque le téléprompteur à travers les couches de maquillage. 

Je ne veux rien enlever aux accomplissements précédents de Denys Arcand. Mais dans Testament, il se contente d’un ramassis de niaiseries huileuses et simplistes qui donne un résultat triste et désolant. 

À éviter à tout prix. 


There are many aspects of Quebec culture that are incomprehensible to most anglos. Denys Arcand’s movies typically aren’t included in that category, at least not for anglos who keep an open mind and have enough maturity and life experience to know that sometimes we can agree on things while expressing them differently. 

Testament, his newest production, is so bad it would be an insult to thanksgiving fowls everywhere to call it a turkey. It’s a fucking mess. 

Testament is billed as a satirical take on the excesses of wokism and honestly, as woke as I like to be, I’ll be the first to say we certainly deserve to be made fun of. I dragged my date to a suburban Quebec City Cineplex Saturday night hoping for a biting and brilliant satire of … well, me. 

Let’s just say it didn’t work. The film is so bad we’ve decided that October 7 would henceforth be observed with rotten popcorn, in remembrance of this epic turd of a film. It’s just as good a bonding technique as anything else. 

Arcand is an old man. An old man who’s straight, white, and totally uninterested in learning anything about what makes people who aren’t white, straight and in their 80s tick. He crudely mocks everyone from Indigenous people, non-binary folks, gays, people who use inclusive language because they’re trying not to be conspicuous dicks, journalists, old-style separatists, politicians and older confused folks who are victims of financial fraud and sometimes mistake a computer mouse for the telephone. 

It’s about as subtle as a 12-year-old boy, and not much more mature. 

The cast is crammed full of incredibly talented actors. The cinematography is beautiful and the sound editing flawless. But instead of presenting us a good (or even half-decent) satire of people who, honestly, deserve to be mocked for their excesses like anyone else, Arcand gives us a disjointed series of straw men that he then crudely demolishes. 

To give you an idea of the flavour of the dialogues: Imagine if Conrad Black, Jordan Peterson and Ezra Levant were all slightly tipsy and given free rein over one hour and 55 minutes to express themselves on Everything That’s Wrong with the Woke of Today with zero editing. 

The rotten popcorn isn’t the only thing making you nauseous, I know. 

There’s no denying that Quebec society has changed a lot since Denys Arcand assumed people like him were in charge of it. And that’s a good thing. Not that all change is great; sometimes it’s not and artists are among the people whose job it is to point this out and make a ruckus until others notice and make the necessary adjustments. 

This bad cartoon of a film isn’t helping. Arcand should have stopped with his last movie, because this one is downright embarrassing.